Mais de quoi ont donc peur les hommes sévèrement armés ?


Lorsque j’avais entrepris, dans ce même blog CinéThinkTankien, un essai de typologie des « méchantes » dans James Bond, je croyais que l’affiche de Rien que pour vos yeux (For Your Eyes Only de John Glen, 1981) était un spécimen spécifique à l’univers cinématographique de l’agent secret de sa Majesté. En ce sens qu’il fallait bien être l’un des plus gros machos du monde pour imaginer qu’un homme puisse menacer une femme qui, bien qu’armée elle-même, ne le menace pas puisque son arme est au repos.

Et puis un ami bienveillant m’a orienté vers l’éloquent travail de compilations de Christophe Courtois. Ce blogueur rassemble les affiches qui relèvent du même thème ou de la même esthétique. Parmi ces séries figure une planche avec des hommes entre les jambes des femmes. « Je vous laisse libre d’apprécier, qu’il s’agisse d’admirer les longues jambes, de railler plusieurs décennies d’originalité flagrante, de déplorer que les femmes en soient encore réduites à ce rôle dans les films, ou de noter l’évidente connotation sexuelle – il y a toujours un homme entre ces jambes (…) » écrit-il en légende de sa planche.

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Et parmi cette catégorie « des hommes entre les jambes des femmes », j’ai isolé une sous-catégorie constituée de 3 affiches. Celle de Rien que pour vos yeux augmentée de celle du Transporteur 2 (de Louis Leterrier, 2005.) et celle de The Number One Girl (de Luc Campeau, 2010). Chacun des 3 hommes représentés tire sur la femme qui lui fait face alors que celle-ci a son arme baissée. Mais alors, à quelle menace ripostent ces hommes de façon préventive ?

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La première lecture serait symbolique, sexuelle… et basique. Il n’y aurait pas de menace, juste un « geste d’instinct » : le pistolet de l’homme représente son phallus et, entre les jambes d’une femme, il tire. Mais une seconde lecture est possible en faisant appel à un film plus explicite.

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Dans L’Attaque de la femme de 50 pieds (Attack of the 50 Foot Woman de Nathan Juran, 1958 et son remake télévisuel de Christopher Guest, 1993), Nancy Archer (Allison Hayes puis Daryl Hannah) devenue immense suite à une rencontre avec des extra-terrestres, se venge des affronts qu’elle a subis quand elle était une femme douce, épanouie et attentionnée. Dans les affiches, là aussi, de petits hommes gesticulent entre les jambes de la grande femme puisqu’elle enjambe des lieux d’activités humaines, l’autoroute comme la maison. Nancy Archer est d’autant plus violente que, dans sa vie « normale » son mari la trompait. Depuis les années 1950, le cauchemar de la femme devenue géante qui vient demander des comptes continue donc de hanter certains hommes. Pas étonnant qu’ils se hâtent de dégainer les premiers.

Marc Gauchée

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Un commentaire pour Mais de quoi ont donc peur les hommes sévèrement armés ?

  1. marcgauchee dit :

    Une lectrice aussi attentive au texte qu’aux images me signale que j’ai nommé par erreur la planche de Christophe Courtois « Hommes entre les jambes des femmes », en effet dans cette planche figure « Liebesspiele junger Mädchen » (« Jeux d’amour chez les jeunes filles », Franz Josef Gottlieb, 1972) où c’est une jeune fille qui est représentée entre les jambes d’une autre jeune fille.

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