Au secours, Houellebecq fait du cinéma!


France, pays béni pour les écrivains au cinéma! Beckett, Duras, Robbe Grillet, tout récemment Philippe Claudel et bientôt Michel Houellebecq… Les exemples ne manquent pas. Bizarrerie nationale. Aucun autre pays n’accorde un tel crédit à ses écrivains pour faire du cinéma. Ceci s’explique en partie par le fait qu’en France un Livre a toujours été plus sacré qu’un Film. Le livre correspond mieux à l’idée qu’on se fait de l’artiste: solitaire, pauvre, travaillant nuit et jour. Le cinéma est trop clinquant et trop collectif pour bien répondre au cliché de l’artiste. Audiard disait d’ailleurs que « si on a du génie, on ne fait pas du cinéma, on écrit un livre ». Donc, quand un écrivain accepte de se tourner vers le cinéma, le cinéma lui fait un pont d’or, tout honoré à l’idée qu’un écrivain puisse s’intéresser à lui.

Mais est-ce opportun? Cinéaste est un métier, écrivain un autre. Tout part d’une question: qui fait de l’ART? l’ARTiste ou l’ARTisan? En France, on a tranché. C’est un ARTiste. Quel que soit son instrument, un pinceau, un stylo, une caméra, peu importe, il s’exprime. Mais, c’est aussi un ARTisan qui maîtrise un savoir-faire, son outil. Si on l’entend ainsi (ce qui est le cas notamment aux Etats Unis ou en Asie), il est inconcevable qu’un écrivain réalise un film. En France, on confie une caméra et des millions d’euros pour faire un film à Michel Houellebecq (passionnant écrivain par ailleurs) et on va s’étonner que son film soit un flop retentissant… On aurait bien fait de se demander s’il maîtrise le cadre, la lumière… Pour faire de l’art, il faut être artiste et artisan… L’un sans l’autre, à de rares exceptions près, c’est pas fameux…

Augustin B.

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